Nous faisons face depuis plusieurs semaines à la propagation du virus COVID-19, qui nous a conduit à prendre des mesures exceptionnelles à l’échelle nationale et locale. Ces mesures ont reposé sur l’application du principe de précaution, en maintenant un maximum de personnes en confinement à domicile et en garantissant la protection des agents requis sur le terrain pour assurer la continuité du service public.
Outre les risques d’atteinte à la santé physique directement liés au virus, cette pandémie et les mesures organisationnelles qui ont été prises ont des conséquences humaines importantes et potentiellement durables, tant pour les individus que pour les collectifs de travail. Les DRH ont souligné l’enjeu de cohésion indispensable dans cette période et dans la période post confinement.
En effet, depuis ces dernières semaines, une prise de conscience générale s’est diffusée, celle de nos fragilités individuelles et organisationnelles. Le rapport à l’autre s’en est trouvé bouleversé, puisque l’autre est à la fois indispensable tant nous souffrons du manque d’interactions, et représente aussi une forme de menace car potentiellement vecteur d’un virus agressif. Un sentiment de peur assez diffus s’est emparé des individus : peur pour sa santé, pour celle de son entourage, pour celle de ses collègues.
Les mesures organisationnelles prises par nos collectivités (télétravail, placement d’agents en ASA, rotation des équipes sur le terrain…) ont mécaniquement distendu les liens directs entre agents et placé les agents dans des expériences de vie hétérogènes.
La fermeture des écoles ou la nécessité de s’occuper d’un proche tout en poursuivant ou non son activité professionnelle sur le terrain ou à domicile ont rendu la conciliation entre vie privée et vie professionnelle plus compliquée.
L’expérience du télétravail est parfois mal vécue (charge mentale, immixtion du travail à la maison et du personnel dans le travail, perte d’efficacité, perte de repères professionnels, fatigue, stress…).
Certains agents ressentent de la culpabilité vis-à-vis de leurs collègues sur le terrain. D’autres peuvent avoir le sentiment de ne pas être utiles. Quand certains sont débordés, d’autres s’ennuient.
Les personnes en fragilité de santé savent qu’elles ne retourneront pas rapidement sur leur lieu de travail. Certains agents ont complètement rompu le lien avec leur employeur. D’autres ont la crainte d’être oubliés et de ne plus être reconnus. Mais d’autres encore vivent très bien cette période.
De fait, certains agents ont pu perdre en confiance ou estime d’eux-mêmes, quand d’autres se retrouvent en situation de souffrance psychologique. L’incertitude qui plane sur les prochaines semaines renforcent les inquiétudes et le sentiment de dépossession de la maîtrise de son destin.
Cette situation inédite conduit nos collectivités à activer leurs dispositifs d’accompagnement des agents et des managers, et à inventer de nouvelles modalités à distance. Outre la gestion actuelle du confinement, le retour progressif à une activité « normale » posera lui aussi de nombreux enjeux en termes RH et managériaux.
De fait, nos agents sont en train de vivre des réalités différentes, prennent de nouvelles habitudes et de nouveaux repères, et certains craignent déjà la reprise qui se profile avec le début du déconfinement.
Le groupe de travail constitué pour réfléchir aux modalités d’accompagnement de ces différentes situations se propose de recenser et concevoir quelques recommandations et des outils à disposition des DRH.